Le député Loïc Prud’homme s’est fait remarquer face à l’Assemblée. Argumentant un problème de santé publique, il lutte pour une suspension de l’attribution des fréquences 5G. Un argumentaire qui a du mal à passer.
La 5G est naturellement vue comme l’avenir de nos réseaux télécom. Il y a bien des raisons à cela, entre ce qu’il sera possible de faire pour les entreprises comme pour les particuliers. Après tout, un service de cloud gaming comme GeForce Now trouverait tout son sens, quand des abonnements totalement illimités en data seraient bien alléchants pour les consommateurs… ne serait-ce que pour pallier une connexion fixe trop mauvaise.
En bref, la 5G est bien vue comme importante. Qu’en est-il pour autant pour notre santé ? Cette question a maintes fois trouvé une réponse, mais se retrouve encore et toujours dans le jeu politique français, comme le note Next Inpact.
« Personne n’a demandé la 5G »
Le député Loïc Prud’homme (La France insoumise) a profité d’une session de questions à l’Assemblé pour remettre le sujet sur le tapis. À l’aune de l’attribution des fréquences 5G pour les opérateurs français, un sujet épineux qui se débloque enfin, il lance :
« Quand le gouvernement compte-t-il suspendre l’attribution des fréquences 5G ? Quand choisira-t-il enfin de protéger la population plutôt que le bilan comptable des multinationales ? »
Le cœur de l’argumentaire ? Le « peu de publications » qui « ont étudié les effets d’exposition à des fréquences comprises entre 3 et 6 GHz ». Le député voit ainsi les tests 5G effectués actuellement dans certaines villes françaises comme des expériences où les citoyens sont des « cobayes » :
« Actuellement, les opérateurs installent dans nos villes, sur nos trottoirs et nos abribus, des antennes dont on ne saura que dans un an si elles nous empoisonnent à grande échelle. Et ce alors que personne, je dis bien personne, n’a demandé la 5G ! »
Pour aller plus loin
Tout comprendre à la 5G
Si la 5G peut effectivement être affaire de demande de nous autres « geek » pour le moment, il faut tout de même rappeler qu’il s’agit de l’ordre naturel des choses. Le grand public est attiré par les nouveaux usages et leur prolifération, et ces derniers ne sont possibles que grâce au déploiement de nouvelles technologies et infrastructures.
L’argument final reste un « classique » pour un député de La France insoumise : « Au vu des dangers encourus, quand le Gouvernement compte-t-il suspendre l’attribution des fréquences 5G ? Quand choisira-t-il enfin de protéger la population plutôt que le bilan comptable des multinationales ? »
Une question déjà saisie
Si le jeu de lobbyisme des multinationales auprès du gouvernement est une question importante liée à de nombreux enjeux, il n’est pas certain que la 5G soit le meilleur terrain pour un tel argumentaire. Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État, a immédiatement réagi à cette sortie en rappelant :
« [la question] traite d’un sujet dont nous nous sommes emparés non pas l’année dernière, mais il y a bien plus longtemps, puisque notre législation impose aujourd’hui aux opérateurs et aux équipementiers un seuil d’exposition des individus aux ondes électromagnétiques. […] Ce seuil a été défini à partir d’une recommandation de l’Union européenne et des conseils d’un collège d’experts approuvé par l’Organisation mondiale de la santé. Il vaut pour la 2G, la 3G, la 4G et la 5G. »
Les déploiements réseau sont en effet toujours sévèrement contrôlés par les autorités aussi bien françaises qu’européennes, et la question de la santé publique est naturellement au cœur de ces contrôles. C’est en partie ce qui explique le retard du déploiement en Europe par rapport au territoire asiatique, qui profite déjà des réseaux 5G : la loi plus durement appliquée et contrôlée.
Pour rappel, la plupart des analyses réalisées pour le moment indiquent que la 5G ne pose pas plus de problèmes de santé que la 4G elle-même, du fait des ondes utilisées et du cadre législatif les entourant (le fameux seuil d’exposition notamment). Un rapport préliminaire de l’ANSES a cependant remis cette question sur le tapis récemment en soulignant le manque d’étude sur la question des ondes entre 3 et 6 GHz. Les conclusions de ce rapport seront rendues au premier trimestre 2021, mais le gouvernement a déjà saisi l’agence nationale.
Reste que les analyses de l’ANFR, qui effectue régulièrement des mesures, montrent que l’exposition aux ondes que subissent les citoyens français reste bien inférieure aux limites imposées par l’Europe et la France. Aussi, si la question est importante à considérer et à étudier, le climat n’est pas à l’inquiétude.
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